Une instruction conjointe de la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) et de la direction générale des entreprises (DGE) met en place le plan d’action 2015 en faveur du développement du secteur des services à la personne. Malgré les déboires actuels, elle rappelle que ce secteur « présente un fort potentiel de création d’activité et d’emplois non délocalisables », notamment sous l’effet du vieillissement de la population, du développement du maintien à domicile, de la réduction des possibilités de prise en charge par la famille et « des besoins encore insatisfaits de prise en charge des jeunes enfants ».

Entreprises, associations, particuliers employeurs : des situations contrastées

En dépit de cette accroche optimiste, le paysage est pour le moins contrasté. Les entreprises privées de services à la personne ont certes connu, en 2013, une progression régulière du nombre d’heures rémunérées et de la masse salariale, qui devrait se confirmer en 2014. Mais cette hausse ne fait que compenser le recul de l’emploi direct (particuliers employeurs). La masse salariale nette correspondante a en effet reculé de 6,1% en 2013 et la situation est très loin de s’améliorer (voir notre article ci-contre du 21 avril 2015). De leur côté, les associations de services à la personne – en difficulté depuis plusieurs années – subissent « le contrecoup de tensions budgétaires observées au niveau des conseils départementaux ».
Dans ce contexte – et pour « soutenir la dynamique de création d’emplois » -, l’instruction interministérielle, adressée aux préfets et aux Direccte, identifie « les composantes possibles d’un plan d’action qui pourrait être défini dans chacune de vos régions ».

Deux objectifs pour le plan d’action régional…

En pratique, l’annexe technique propose deux objectifs et sept axes de travail. Premier objectif : s’assurer de la prise en compte du secteur des services à la personne dans les politiques locales. Cela vise notamment les contrats de plan Etat-région, les contrats de plan régionaux de développement des formations professionnelles, les schémas régionaux de développement économique, les schémas de cohérence territoriale, les contrats d’objectifs territoriaux.
Second objectif : valoriser et développer le secteur des services à la personne. Ceci passe par l’élaboration d’un plan d’action régional, en cohérence avec les trois Edec (engagements de développement de l’emploi et des compétences) qui couvrent le secteur : Edec « aide à domicile » (signé en 2011), Edec « autonomie » (2014) et Edec « Petite enfance », signé le 16 février dernier (voir notre article ci-contre du 19 février 2015).

… et sept axes de travail mobilisables

L’annexe technique propose donc sept « grands axes de travail mobilisables en fonction de la situation régionale et des priorités de la Direccte ». Il s’agit tout d’abord de produire un état des lieux du secteur et d’accompagner la création et le développement des entreprises de services à la personne, en s’appuyant notamment sur les outils nationaux et en planifiant des visites d’entreprises « sur la base d’un échantillon représentatif du secteur ».
Le troisième axe consiste à favoriser la création d’emplois en accompagnant les employeurs du secteur et en sécurisant les parcours, par exemple en favorisant le recrutement de jeunes et de salariés en reconversion sur la base d’une information ciblée et fiable sur les réalités du secteur et de ses métiers.
Deux autres axes consistent à soutenir la prévention des risques professionnels et l’amélioration de la qualité de vie au travail (dans des métiers qui sont rarement considérés comme attractifs) et à favoriser l’innovation, par exemple en tirant parti de la « Silver économie » et en promouvant le recours à « des solutions technologiques innovantes de nature à améliorer la qualité du maintien à domicile ».
Dans le même esprit, le sixième axe prévoit d’inciter les pôles d’activité à poursuivre leurs recherches sur les produits et équipements adaptés aux besoins des personnes concernées. Enfin, l’instruction préconise de mettre en place des actions de communication en faveur du secteur des services à la personne : salons, réunions d’information, ateliers découverte des métiers, etc. Seul bémol de taille à ce plan régional très orienté vers les entreprises privées de services à la personne. Celles-ci sont devenues, depuis plusieurs années, les principales concurrentes du secteur associatif et, dans une moindre mesure, des particuliers employeurs (qui migrent plutôt pour partie vers le travail au noir). Le risque est donc que les plans régionaux réactivent le principe des vases communicants, plutôt que d’avoir un effet global et durable sur l’emploi.

Jean-Noël Escudié / PCA

Références : instruction DGE/DGEFP 2015/1 du 16 juillet 2015 : plan d’action régional 2015 en faveur du développement du secteur des services à la personne.

Source : Localtis.info

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