L’étude « Société vieillissante, société innovante : l’ESS au défi du vieillissement démographique» lancée en 2015 par La Fonda et Futuribles International met en lumière les principaux enjeux liés au vieillissement et les solutions portées par l’ESS. Le rapport final, qui fera l’objet d’un colloque le 10 mai, explore des pistes stratégiques susceptibles d’inspirer les acteurs de l’ESS.

« Société vieillissante, société innovante », le surtitre de l’étude de la Fonda et Futuribles international sonne comme un slogan. Le vieillissement démographique, c’est-à-dire l’augmentation de la part des plus de 60 dans la population française (16 % en 1960, 24 % en 2012, 33 % en 2030, selon les projections), est une réalité et non une fatalité. Au contraire. Les auteurs rappellent que l’ « adaptation de la société au vieillissement », portée par la loi éponyme de 2015 résonne aujourd’hui comme « un véritable mot d’ordre : à rebours d’une approche médico-sociale focalisée sur la prise en charge de la dépendance, il s’agirait de poursuivre des politiques permettant d’anticiper la perte d’autonomie, voire de la retarder. »

Silver economie : une réponse partielle

C’est pourquoi l’Etat a poussé à l’émergence d’une « Silver économie » chargée de répondre aux nouveaux besoins des seniors qui deviendront le principal pôle de consommateurs de biens et services sur les marchés de la santé, de l’alimentation, de l’équipement, des loisirs ou encore de l’assurance-prévoyance.

Face à ces constats, les auteurs de l’étude posent les enjeux clés pour les acteurs de l’ESS, notamment du fait de leur importance sur des activités comme l’aide à domicile, et la prise en charge sociale et médico-sociale des seniors. Privilégier l’option d’un développement d’une silver économie, porteuse d’innovation technologique, ne s’adresserait, selon l’étude, qu’aux catégories les plus solvables des seniors alors qu’ « une véritable adaptation de la société au vieillissement impliquerait d’accompagner l’émergence de dynamiques d’innovation sociale reposant sur des processus plus ouverts et ascendants ». L’étude mentionne la structuration de « Silver Régions » ou l’expérimentation des Conférences des financeurs dans les départements comme une contribution à « l’ancrage territorial » de ces processus.

L’ESS au cœur des transformations sociales

Le principal défi de l’ESS sera d’assumer un rôle de promoteur d’un corpus d’actions coordonnées de « transformation sociale », que ce soit de la part des acteurs présents historiquement sur le champ des seniors, mais aussi ceux du logement, du loisir ou de la culture. L’étude formule en effet une série de pistes stratégiques qui dépassent la simple question de la place de l’ESS, face au secteur privé, sur le champ de cette silver économie. A commencer par les réponses de l’ESS à l’évolution des parcours d’activité qui sont de plus en plus chaotiques et complexes du fait de périodes de chômage, de l’allongement progressive des phases de cotisation à la retraite ou de l’hybridation grandissantes des statuts du travail (salarié, indépendant…). Ces évolutions remettent en question la catégorisation classique entre « actifs et « inactifs ». Par exemple, « les organisations de l’ESS peuvent offrir des possibilités de réalisations concrète pour une contribution active des seniors à la transformation sociétale. »

Fonder un nouveau « paradigme du soin »

Un deuxième champ stratégique pose la question du rôle de l’ESS dans « l’émergence d’un nouveau paradigme du soin ». Son objectif global serait de « passer d’une logique de gestion médico-sociale de la dépendance à une logique d’investissement dans le capital santé de chacun » afin de repousser le moment de la perte définitive d’autonomie des personnes âgées. L’innovation de services se pose en la matière et l’étude évoque de nombreuses initiatives qui pourraient en inspirer d’autres comme les résidences intergénérationnelles ou le concept de conciergerie de village qui recréée des services de proximité. Mais l’émergence d’un nouveau paradigme du soin imposera aussi à l’ESS de réinventer des « formes de prévoyance collective innovantes, fondées sur un juste équilibre entre responsabilisation individuelle et solidarité collective ». En effet, la facilité d’accès aux donnés de santé que permet d’envisager le Big Data pourrait conduire les assureurs privés à individualiser la protection, sous prétexte d’un suivi plus personnalisé, ce qui irait à l’encontre du principe de la solidarité collective.

Comment innover socialement ?

Au regard de cette étude, l’ESS est investie d’un rôle primordial pour faire du vieillissement démographique une opportunité de progrès économique et surtout social. Encore faudra-t-il que ses acteurs trouvent les moyens de ses innovations, ce qui induit de sortir « des contraintes de gestion de court terme » qui pèsent sur de nombreuses acteurs. L’étude rappelle la nécessité d’engagement des pouvoirs publics à faciliter les dynamiques d’innovation sociale ancrée sur les territoires mais en appelle aussi à démultiplier les coopérations entre acteurs et les modèles de duplication d’innovation, mais aussi à concevoir des mécanismes de financements innovants moyens (l’étude évoque en l’occurrence les Social impact bonds).

L’étude « Société vieillissante, société innovante: l’ESS face au défi du vieillissement démographique » a été conçue par la Fonda et Futuribles International comme une source d’inspiration pour les acteurs de l’ESS. Elle est le fruit d’ateliers participatifs qui ont réuni les partenaires de l’étude, mais aussi des experts, praticiens et acteurs de l’ESS tout au long de l’année 2015. Un temps fort de mise en débat aura lieu le 10 mai, lors du Colloque « Société Vieillissante, société innovante » (LIEN01) à Paris.

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