La Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) publie le rapport final « Evaluation des dispositifs Maia et appui à la mise en œuvre des recommandations ». Les Maia – à l’origine, « maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades d’Alzheimer » et, aujourd’hui, « méthode d’action pour l’intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’autonomie » – sont une composante essentielle et innovante du dispositif de prise en charge de la maladie d’Alzheimer et, plus largement, des maladies neuro-dégénératives. La CNSA en donne pour définition « une méthode qui associe tous les acteurs engagés dans l’accompagnement des personnes âgées de 60 ans et plus en perte d’autonomie et de leurs aidants grâce à une démarche novatrice : l’intégration des services d’aide et de soins ». Le fonctionnement de la Maia repose ainsi sur trois mécanismes interdépendants : la concertation, le guichet intégré et la gestion de cas.
98% du territoire aujourd’hui couvert par les Maia
L’évaluation mêle approche quantitative et qualitative (cette dernière intégrant notamment des entretiens avec « onze conseils départementaux représentatifs des territoires »). Elle se présente sous la forme de réponses à un certain nombre de questions très précises – voire très techniques – posées par la CNSA. Il en ressort néanmoins une impression d’ensemble assez mitigée.
Un point positif incontestable est la couverture du territoire national assurée par le dispositif. Généralisé seulement en 2011 après trois ans d’expérimentation, le dispositif Maia et ses 352 structures en fonctionnement couvrent désormais 98% du territoire français métropolitain. De même, le pilotage par les ARS est considéré comme « favorable » en termes d’appui méthodologique et la dynamique partenariale « est estimée comme ayant évolué favorablement sur l’ensemble de champs sanitaire, sociaux et médico-sociaux ».
En revanche – et même si na nature de l’exercice favorise la critique -, l’évaluation pointe un certain nombre de difficultés. Ainsi, « la multiplicité des niveaux décisionnels (pilotage national, régional, départemental et infra, application des décisions dans les services) ou le chaînage des décisions qu’implique la méthode d’intégration entrainent des conditions cumulatives qui, si l’une n’est pas remplie, déstabilise la démarche d’intégration sur un territoire ».
Un fonctionnement très hétérogène et une efficacité en question
De même, si le profil et l’activité des pilotes sont majoritairement conformes aux attendus du cahier des charges des Maia, les conditions d’exercice de ces pilotes et des gestionnaires de cas apparaissent « très hétérogènes ».
Le mécanisme de concertation est, lui aussi, « globalement conforme » au cahier des charges. Mais si 80% des dispositifs ont installé des instances, celles-ci ne sont pas encore des « espaces décisionnels ».
Plus ennuyeux : le rapport d’évaluation constate qu' »à ce stade du déploiement, les indicateurs d’impact du guichet intégré ne sont pas opérationnels pour mesurer objectivement les effets sur la simplification des parcours des personnes âgées », ce qui était pourtant l’un des objectifs majeurs de la mise en place des Maia.
De même, « le mécanisme de gestion de cas, du fait de la récence de la fonction et d’outils en voie de stabilisation, est conforme en termes d’activité, mais sa mise en œuvre hétérogène ».
Ce mécanisme a également tendance à occulter la notion d’urgence, qui est pourtant « un phénomène normal et subséquent à la trajectoire de la personne qui avance en âge », tandis que le plan de service individualisé (PSI) – utilisé dans 80% des Maia – « n’est pas un support estimé comme efficace de la coordination des interventions ».
Enfin, de façon plus générale, le mécanisme de gestion de cas, même s’il est déployé conformément au cahier des charges, « reste, du point de vue de l’équipe d’évaluation, un mécanisme instable ».
En fin de rapport, un tableau synoptique résume les préconisations consécutive à ces observations, tout en précisant les niveaux de prise en compte, dont le niveau départemental.
Ces conclusions très mitigées expliquent pour une bonne part, la prise de position de l’Union nationale des professions de santé (UNPS), qui s’appuie sur la sortie du rapport pour contester vigoureusement le rôle et le fonctionnement des Maia.